Tres autorretratos (Jacques Ancet)

A fuerza de comerse las uñas

no tendrá más dedos. Más ojos tampoco

a fuerza de mirar.

Unas sombras tiemblan en la luz,

unas palabras zumban en sus oídos. A fuerza

de hablar

no tendrá más boca

12 de octubre de 2006 (Autorretrato I)

Los ojos cerrados. Pero todo está ahí. Escucha

el día. Tal vez la voz en el silencio.

¿Qué dice? No importa. Habla,

ahí está. No se necesita abrir los ojos.

Es como un ruido de agua que brota,

el ruido de la sangre que no se calla

14 de octubre de 2006 (Autorretrato II)

Discreto, dicen, y modesto, claro.

Se ve apenas su sombra, ¿y que se escucha?

Una musiquita, ¿y qué más?

Casi nada, dicen. Lo real, sin embargo,

prolifera. Le llena la boca.

Todo el bullicio que hace creer en el silencio

9 de febrero de 2007 (Autorretraro III)

Trois autoportraits

A force de se ronger les ongles/ il n’aura plus de doigts. Plus d’yeux/non plus à force de regarder./Des ombres tremblent dans la lumière,/des mots bourdonnent à ses oreilles. A force/ de parler il n’aura plus de bouche 12 octobre 2006 (Autoportrait)

Les yeux fermés. Mais tout est là. Il entend/le jour. La voix peut-être dans le silence./

Que dit-elle ? Peu importe. Elle parle,/elle est là. Aucun besoin d’ouvrir les yeux./ C’est comme un bruit d’eau qui coule,/le bruit du sang qui ne se tait pas/14 octobre 2006 (Autoportrait II)

Discret, disent-ils, et modeste, bien sûr./ On voit son ombre à peine et qu’entend-t-on ?/ Une petite musique, mais encore ?/Presque rien, disent-ils. Le réel, pourtant,/

prolifère. Il en a plein la bouche./Tout grouillement qui fait croire au silence/ 9 février 2007 (Autoportrait III)